Glacier Pastoruri, sur les traces du changement climatique
Après la balade à la laguna Willcacocha, on souhaite partir le lendemain voir le glacier Pastoruri. Celui-ci se situe à plus de 5000m d’altitude. On prend nos renseignements sur le web, dans le Routard et auprès d’Ivan, qui tient l’auberge où on loge… Et, on se rend vite compte que l’endroit est assez peu accessible par nos propres moyens. De plus, l’option visite guidée touristique est plus intéressante tant financièrement qu’en termes d’accessibilité.
On réserve donc auprès d’Ivan pour partir le lendemain avec l’agence avec qui ils travaillent.
On démarre la journée par un petit-déjeuner à l’auberge où on a le plaisir de tester leurs crêpes banane-manjar (sorte de confiture de lait). Le bus doit arriver à 9h mais l’attente est un peu plus longue que prévue, mais le bus finit par arriver devant l’auberge. Ce bus nous emmène d’abord jusqu’au centre de Huaraz où on embarque, après encore un peu d’attente, dans un second bus. Cette fois, tout le groupe et le guide est présent. Avant le départ, des vendeurs à la sauvette nous abordent pour nous vendre des lunettes de soleil, des ponchos et des bonbons à la coca. N’ayant pas de lunettes, Florian s’en achète une paire pour trois fois rien. Vu la luminosité en altitude, il vaut en effet mieux être un minimum équipé.
Ticapampa, le berceau du Pisco Sour
On quitte donc Huaraz en direction du sud. On repasse ainsi devant le départ de la rando de la veille. Puis, on poursuit plus au sud jusqu’à Ticapampa (qui signifie “plaine de l’eau gelée” en quechua) où on arrive après une grosse demi-heure de route. Là, on fait un arrêt au restaurant “Faby Star” où nous mangerons au retour. On en profite pour boire un petit maté de coca qui nous sera bien utile pour la suite de la journée. Pendant ce temps, les gens choisissent leur repas pour le retour. De notre côté, on s’est fait un pique-nique. Seul Florian commande un plat, il doit encore découvrir la gastronomie péruvienne.
En repartant, on apprend que ce village est à l’origine de la recette péruvienne du Pisco Sour. A ne pas confondre avec le cocktail du même nom qui se prépare au Chili. Sous peine de frustrer plus d’un local. C’est dans le bar d’une mine d’argent anglo-française qu’a été inventé ce mélange suite au manque d’un ingrédient pour faire le “sour anglais”. Il était destiné initialement aux mineurs pour les aider à se tenir chaud … ou au moins se réchauffer le moral.
Laguna Patococha, poste de contrôle et eau gazeuse
On poursuit encore un peu sur la route principale avant de prendre à gauche sur une route non-asphaltée. Là, on quitte le fond de la vallée (plus de 3500m d’altitude quand même) et on s’enfonce dans des contrées plus sauvages en direction du Nevado.
Une petite heure plus tard, on est déjà à plus de 4100 m et la laguna Patococha se dévoile sous une petite pluie. Suivie de peu par le poste de contrôle où l’on doit s’acquitter du droit d’entrée. Il n’est pas très clair si on peut prendre une entrée “21 jours” pour le parc du Huascaran. On descend donc avec le guide pour acheter notre droit d’entrée. Le local du gardien ne paye pas de mine. Mais il est “agréablement” décoré d’un bébé vicuña mort et empaillé ! Une petite discussion avec le gardien pour apprendre que c’est probablement une des rares entrées du parc où on ne peut pas acheter le précieux ticket. On se retrouve donc avec une entrée un jour et on espère pouvoir négocier mieux le lendemain.
On remonte dans le minibus pour quelques instants. Prochain arrêt, 2 km plus loin, au niveau d’une source naturelle d’eau minérale gazeuse. Petite flaque d’eau bien profonde et pleine de bulles. Colorée dans les tons orange liés à la présence de fer. Même si c’est de l’eau gazeuse, celle-ci, beaucoup trop riche en minéraux est loin d’être potable ! Quelques photos plus tard, on reprend le minibus pour continuer notre chemin.
Puyas raimondii, cette plante d’un autre âge
On poursuit encore quelques kilomètres avant de tomber sur une concentration importante de puyas raimondii. Le minibus fait une halte pour nous permettre d’admirer ces plantes de plus près. Puya raimondii est une plante de la famille des Broméliacée. On ne la trouve que dans la cordillère des Andes entre 3200m et 4800m d’altitude.
La durée de vie de cette plante est de 70 à 100 ans. Elle ne fleurit qu’une seule fois durant toute sa vie mais ne le fait pas à moitié ! La plante ne mesure guère plus de 4 m durant ces 30 à 40 premières années mais lorsque l’inflorescence apparaît, elle peut grandir jusqu’à 7 à 15 m. La plante se recouvre alors de près de 6 à 10 000 fleurs avant de relâcher dans la nature entre 6 et 12 millions de semences d’une taille de 4 mm.
Malgré un nombre impressionnant de semences, cette plante est malheureusement menacée.
Ojo de agua de Pumapashimin
De l’autre côté de la route, on peut admirer l’ojo de agua (œil d’eau) de Pumapashimin. Il s’agit d’une lagune qui prend différentes couleurs selon la position du soleil. Malheureusement pour nous, le soleil se cache un peu derrière les nuages, la lagune ne se montrera donc pas sous son meilleur jour. On a quand même pu admirer les jolis tons bleus liés aux algues présentes au fond de l’eau.
On se remet ensuite en route vers le nevado Pastoruri. Dans la montée, on doit forcer le passage à travers un troupeau de vaches qui bloque la route à plus de 4500 m d’altitude. Après encore un peu de route, on se retrouve sur un parking entouré de quelques bâtiments de construction assez récente. On se retrouve ainsi à plus de 4800 m.
Le nevado Pastoruri qui fond à vue d’œil (ou presque…)
Le glacier Pastoruri est une victime évidente des changements climatiques. Plusieurs panneaux placés sur le chemin touristique sont là pour nous le rappeler. Avant les gens venaient faire du ski sur ce glacier. Cette époque est désormais résolue, le glacier est devenu bien trop petit pour pouvoir envisager cela. Signe d’un renouveau, c’est aussi l’endroit choisi par WindAid pour installer l’éolienne la plus haute du monde.
Le chemin monte tranquillement à travers un décors rocheux et peu accueillant. Quelques plantes pionnières font leur apparition suite au retrait du glacier. On arrive en haut du chemin sans trop de difficulté malgré que ça soit la première fois de notre vie qu’on monte au delà des 5000 m d’altitude. Il faut dire que le minibus nous a bien aidé !
On profite du paysage, partagé entre la beauté du lieu et son côté inhospitalier malgré la présence de nombreux touristes. Même s’il a fortement perdu en taille, le glacier reste impressionnant et majestueux. On en profite pour faire un bon paquet de photos. Histoire de nous rappeler à la réalité, on apprend sur un panneau que la cordillère Blanche a perdu 27% de sa surface glacière en à peine 33 ans !
Retour à Ticapampa et Huaraz
On redescend ensuite sous une averse de neige ! Le climat reste toujours froid ici, même si les changements climatiques tendent à le réchauffer. On ne tarde pas à rejoindre le minibus bien contents de se mettre au sec. Une fois tout le monde à bord, on repart d’une traite jusque Ticapampa. A peine on quitte la zone de bâtiment qu’on croise deux vicuñas sous la neige.
On roule ensuite 30 km avant de retrouver une route asphaltée. De là, il reste encore un petit bout de chemin avant de rejoindre Ticapampa et le Faby Star ou nous prendrons le repas. Florian profite de son plat, du lomo saltado (viande de porc sauté), tandis que nous grignotons discrètement.
Une fois que tout le monde a mangé, on remonte une dernière fois dans le minibus. Cette fois, on a plus que de la bonne route jusque Huaraz. On nous dépose dans le centre de Huaraz. En rentrant à l’hôtel, on teste une papa rellena (pomme de terre fourrée) malheureusement moins bonne que celle qu’on avait bien appréciée lors de la visite de Kuelap.
Fin de journée pour nous. Heureusement, on recommence demain avec la célèbre Laguna 69 !